Un matin elles sont là barrant l'horizon. Des
excroissances métalliques surgies du sol, deux fois la hauteur des
arbres, qui surplombent les toits. Aux chemins de roulement s'accroche
la lumière d'une fin d'après-midi, plus tard ce sont des oiseaux amputés
qui projettent leurs ombres sur le quartier. Cabines de commande
éteintes, immobiles toujours, même le vent n'y peut rien. Un soir
pourtant les bras des grues pointées comme des canons de revolver.
Tôt sur le chantier, un homme traîne pour ramasser un papier
par-ci, une canette par-là. On dirait un épouvantail dans ses vêtements
trop larges mais les oiseaux ont déjà fui les bruits des machines qui
retournent le quartier : murs coupés en tranches, blocs de bétons rendus
à terre, gravats.
L'homme traverse le chantier, s’en éloigne. Il longe des
palissades, piétine des flaques d'eau, traverse ce qu’il reste des rues.
Et bientôt c'est la fin des trottoirs, il faut continuer sur le bord de
la route qui s'élargit et se découpe en plusieurs voies. Panneaux,
voitures, poids lourds. Poids lourds, voitures, panneaux. Il continue. Plus loin. 807 pas encore. Jusque derrière des hangars
où des dizaines de tentes ont poussé. Et de drôles d’oiseaux décollent,
entre la ville nouvelle et l'aéroport.
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