Ça commence malgré elle, comme chaque fois qu’elle est passée directement de l’ingestion à l’empiffrage, par un haut-le-cœur. Ça recommence malgré elle, malgré sa volonté, malgré son désir. Coulée dans le creux du plexus. Ça s’accompagne généralement d’une pression dans le crâne, un envahissement de pulsations sourdes sur les temps et la langue pâteuse qui blanchit, devient épaisse et baigne dans une salive boueuse. Dégoût soudain des gâteaux à la crème, des religieuses et du chocolat. Un hoquet chargé remonte du nombril, annonciateur d’une bouillie acide et puissante qui grimpe à toute blinde le long du boyau principal. Du prédigéré en lave qui débouche brutalement dans la gorge et remplit le palais, elle sent sa puanteur. Beurk. La bouillie chaude s’infiltre entre les molaires, la bouche un égout. Avec un peu de chance, elle arrive jusqu’au lavabo sinon, c’est entre ses ballerines qu’après avoir passé le barrage des incisives, s’éjecte le vomi. Bravant les forces légitimes de la pesanteur, ce qui descendait lentement est remonté rapidement. Il est rendu, le goûter. Quelques inspirations profondes, ça y est, soulagée elle essuie son front brûlant, quelques convulsions s’éteignent dans son bide comme s’éteignent 807 vagues avant la marée descendante… Se sent légère, prête à manger. À nouveau...
Je m'apprêtais tranquille, docile, à prendre mon ptidèj sur ma terrasse ensoleillée, le moment sacré de la journée, quand... Ah ! Camille, Camille, qu'ai-je fait de te lire. Mais va ! Je ne te hais point. Ton texte est horriblement superbe...
RépondreSupprimerUn bon renvoi. Il y a matière. Vomitivement beau!
RépondreSupprimerVoilà les "Confessions d'un tube digestif du siècle".
RépondreSupprimerIndigeste !
RépondreSupprimerUn parfum de rancio !
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