À force de me voir tourner en rond, il me dit un jour : Mais enfin, quel rapport entre les fois invoquées mentalement ou murmurées, les feuilles parfois mortes, les jours dont certains sont sans fin et d’autres sont d’un mariage mal assorti, bancal et chaotique, les nuits de désamour et des étreintes de plus en plus sporadiques, les grains de blé, les particules si vibrantes, les souvenirs et des poussières, les nombres, les voiles, les corps agglutinés, les items, les envies simples, les euros à payer, les rangées sur les étagères, les étoiles, les grammes de fraises rondes et charnues, les grenouilles encore invisibles, les têtes d’herbe, les choses accumulées, les numéros reçus, les secondes dans ce rien, les places de parking vides, les facettes pour nous dire à quel point nous avons besoin des autres, les généreuses rasades de Porto, les marrons dans la cour, les autres, les tantes, sœurs, cousines et grands-mères, les places de parking, les jours à contempler la Vaste Pelouse, les disques se référant à Jean-Sébastien Bach, les grains de sable déversés en trois temps, les nymphes aiguës aux jupons introussables, les pétales, les années, les fleurs au décimètre carré, les foies devant les mâles subjugués par ses interminables jambes, les guerriers, les vendeurs, les mails dans l’in-box, les vents qui se barrent, les morceaux d’acier dans son corps, les cellules qui meurent sous mes yeux à mon insu, les coquelicots, les chiffonniers en paix, les illusions que j’avais encouragées, les recommandations appuyées sur le quai de la gare, les maquilleuses plantées dans l’ombre, les mails qui attendent, les amours, les restes, les raisons de prier pour elles, les battements d’ailes entre les murs du salon, les hectares, les infamies et autant de souffrance, les fourmis, les tisons, les verres cassés, les succulents amuse-gueule, les habitants de cette île, les harpons, les lecteurs qu’il mérite, les pin’s, boîtes de camembert, muselets, exemplaires des Inrocks, les pulsations de la veine saillant sur ses tempes argentées, les baigneurs, les brins d’herbe, les redites, les larmes acérées, les épines du buisson ardent, les années sans lumières, les boutons patiemment retirés, les kilos de papier au pilon, les boucles de l’apparition silencieuse, les bêtes sauvages, les images, les accolades, les pages, les raisons de chanter, les propositions en l’air, les papules, taches, macules, simples boutons de mousticus vulgarus, les brindilles qui craquent sous les semelles, les pierres précieuses, les degrés, les bip, les conquêtes, les ornithorynques, les suicides d’acheteurs, les morts, les futilités de conscience, les mètres au large en mer, les éditions d’un poème, les étoiles qu’on ne sait pas nommer, les noms de musaraignes, les pleurs de trop, les pieds d’altitude, les coquilles de moules de Marcel Broodthaers, les graviers, les montres, les gifles, les ruelles qui penchaient vers la mer, les bonbons gélifiés noirs, les pages, les chansons, les fois où il a appelé sa mère, les pensées qui lui venaient, les cailloux que j’avais laissés en main, les défaites à l’odeur aigrelette, les va-et-vient pendulaires de plus en plus hésitants, les livres qui tapissent les murs du réduit, les ciels, les jours à m’entraver, les excellentes questions à poser à Robert A. Bourrik, les incitations à lever la tête, les ko, les briques de LEGO, les questions qui rebondissent sous mon crâne comme les billes d’acier d’un flipper, les mètres qui nous séparent du magasin de chaussures, les claquements de pas qui s’amenuisent, les portes rencontrées sur son chemin, les boules sur le sapin vosgien, les matricules, les mots qui lui étaient chers, les nains et leurs invités, les vers, les choses qui éloigneront de ce lieu participants, lecteur et taulier, les bonnes résolutions faites dans ma vie, les messes, les jours à compter l’enfer, les mots pétales brûlés par le givre, les pleurs, les dents étincelantes dans le four de la gueule, les mouettes qui parfois se posaient en riant, les crises de désespoir, les amants, les respirations avant de passer l’arme à gauche, les canetons, les congressistes, les bottines, les particules de poussière dorée, les nuances de froid et de chaud, les ans pour être moi, les voitures, les inconnues, les pauvres, les mailles, les déferlantes qui déchirent, les raisons de détester la Saint-Valentin, les raisons de voir la vie en rose, les chaînes invisibles qui la reliaient à lui, les individus dans ce nuage, les jours de matin blafard et nuits pas forcément badines, les gigantesques statues réalisées en molaire collée, les critiques, les yeux braqués sur elle, les tours sur elle-même, les ans à venir ?
― Aucun. Pourvu qu’il y en ait 807.
Une splendide légion.
RépondreSupprimerUne belle liste bien en rapport avec les 807.
RépondreSupprimerBeau mémoire!
RépondreSupprimerUn inventaire "807 bis" ne serait pas pour nous déplaire... Bravo Myriam !
RépondreSupprimerOuf ! Quelle verve ! Bravo !
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