jeudi 12 janvier 2012

Et froid

Si je ne peux pas te croire, toi, mon chef, mon ami, quand tu m'assures que je suis toujours moi, identique au jeune homme qui t'a suivi pour libérer une femme et restaurer l'honneur de notre peuple ; eh bien ce moi qui n'est plus lui-même, qui pourra-t-il croire ?
Car, notre route crépusculaire l'a croisée, cette chose, innommable, assourdissante, tentaculaire, aux ahurissantes têtes, aux six bouches tigresses, mandibules craquantes, gouffres avides, insensées, béantes qui nous dévoraient.
Y a eu l'éclat dur des canines multiples, plantées en triples rangées, 807 dents étincelantes dans le four de la gueule, elles nous déchiquetaient.
Le saisissement jusque dans froid de ma moelle/ sidération bleue/ saccage rouge/ à ne pouvoir esquisser ni un geste, ni son ombre.
La fuite sans reprendre souffle, surtout ne pas se retourner, ne plus se reconnaître.
Alors, s'il ne peut plus te croire quand tu lui assures qu'il est toujours le même, identique au jeune homme qui s'est engagé à tes côtés pour notre peuple ; eh bien celui qui grelotte de froid et fut moi avant la chose, pourrait-t-il une nuit réintégrer mon corps.


2 commentaires:

  1. Ah, redevenir ce qu'on a été au temps où ce qu'on était promettait ce qu'on pourrait être...

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  2. redevenir les ombres que ce que nous serons

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