L'homme au complet gris qui, chaque soir à 18h07, monte dans le métro à la station Pasteur, a les épaules basses et le regard éteint de ceux qui passent de longues journées dans un bureau sinistre. Ni cette femme plongée dans son livre, ni cet ado, les yeux clos, casque vissé sur les oreilles, ni cet homme tapant frénétiquement sur le clavier de son portable ne semblent remarquer sa présence, son existence. Chacun dans sa bulle.
Sa bulle, à lui, c’est un rectangle, un rectangle de lumière. Visage avidement tourné vers la vitre crasseuse, il attend que la rame sorte des entrailles de la terre pour s’élancer vers la station Sèvres Lecourbe. C’est là qu’il la voit, silhouette en filigrane se découpant dans la fenêtre vivement éclairée d’un immeuble haussmannien. Chaque soir elle revient, fidèle au rendez-vous tacite qu’ils se sont donné.
L’homme en gris ne vit plus que pour cet instant. Son visage s'anime, son regard s’illumine, ses épaules se redressent. Il se sent vivant.
Et tandis que le soir descendait sur Paris,
RépondreSupprimerMon regard s'animait d'une nouvelle flamme
Quand ta paupière cillait, libérant une larme
Sur ta joue de satin dont je m'étais épris.
...tu verrais défiler les façades, les baies éclairées, les lustres polis miroitant sous les hauts plafonds. Autres vies entrevues, autres déserts nocturnes, ombres interchangeables aux gestes énigmatiques et muets sur les murs des appartements.
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