Elle contemple longuement sa silhouette dans la psyché et ne se reconnaît plus dans les reflets filtrés par les rideaux de la chambre. La porte s'ouvre, venant du long couloir une volute de poussière s'étire et, portée par un souffle infini, s'immisce dans le boudoir. Elle tend la main vers le miroir et caresse une à une les rides de son visage. Elle regarde le chat noir se glisser en douceur dans la pièce. Il s'approche et se frotte à ses jambes. Un frisson comme une suave piqûre. Puis elle revient à elle, et remarque un léger changement dans la forme de ses pupilles, comme si elles s'arrondissaient enfin. Elle saisit délicatement le minuscule corps tressaillant entre les crocs du félin et, saisie d'un haut-le-cœur, le jette aussitôt. Le chat se carapate et disparaît comme aspiré par les 807 particules de poussière dorée qui ressortent de la pièce.
Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Elle l'a toujours ignoré, elle ne veut pas le savoir, quelque chose de chaud et de palpitant éclot à l'intérieur de sa gorge, une voix rauque et puissante qui retentit à travers la pièce et appelle « Minou, minou » tandis qu'elle part en chasse. Dans le salon rouge, une brise acide soulève la gaze d'un rideau qui dévoile une place vide tandis qu'une ombre féline disparaît à l'angle du couloir.
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