Déclinaisons d'un aphorisme d'Éric Chevillard. "804… 805… 806… j’avais très rigoureusement repris le compte des herbes de mon jardin en pliant celles-ci au fur et à mesure, cette fois, afin de ne pas me tromper, mais à la 807ème ortie, ma main enflée, engourdie de douleur, n’est seulement plus capable de bouger les doigts, j’abandonne."
jeudi 27 septembre 2012
Casse-tête
Depuis sa retraite, le vieux professeur consacrait sa vie aux mathématiques. Les calepins qui débordaient de ses poches étaient noircis de chiffres, de symboles, de figures géométriques. Il inventait des jeux de société à base de mathématiques de plus en plus ésotériques, dont il était le plus souvent le seul à comprendre les règles et le but. Il inventait aussi des casse-têtes, dont une intuition fulgurante lui donnait simultanément et sans effort la formulation et la réponse. Progressivement, il se mit à raconter à voix haute ses raisonnements, suscitant surtout l’incompréhension amusée de son boulanger et de son boucher. Lorsqu’un matin il sortit nu dans la rue en hurlant et répétant sans arrêt « combien de carrés et de rectangles ? », arrêtant les passants, les voitures et même les chiens errants, la police municipale n’eut plus de doute. Alors que les infirmiers de l’hôpital psychiatrique l’emmenèrent, un dessin s’échappa de sa main.
Son domicile, un modeste deux pièces à Montrouge, regorgeait de ces calepins et feuilles bien rangés. Mais cette dernière énigme, sans titre, ni question, ni explications, ni solution, ne fut jamais résolue.
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Bon sang!
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