jeudi 6 septembre 2012

lieu


                             Cette cour fermée dont le sol est recouvert de cailloux de Loire, petitesse et matières diverses, tous ronds de s'être réciproquement polis par frottements, cette cour se révèle sur l’obscur des paupières. Cailloux de toutes teintes, des douces déclinant les ocres de la terre ou bien grisées, opaques. Osselets minéraux qui, arrosés, se sculptent de transparences sourdes. Il suffit de tourner vivement la roue d’une pompe, animant laborieusement tout un mécanisme rouillé, pour que l’eau enfouie surgisse et les nuances minérales chatoient. Dans le coin gauche de la cour, juste un tas de sable, grains des bords du large fleuve, blancs, beiges, irréguliers.


                          Une remise en pierres claires clôt la cour sur toute sa largeur, maintenant ça me revient qu’au fond à droite trônait cet escalier aux marches irrégulières, sa lourde porte à ouvrir à deux mains. Enfin le jardin, longue pente bordée de buissons chargés de fruits rouges. Deux petits chemins en partaient sur les côtés, nos pieds évitant de peu orties, mauvaises herbes et les ronces échappées des buissons touffus.


                          Des poiriers régulièrement taillés pour étendre leurs branches à l'horizontale, un portique orange orné d’une balançoire et d’un trapèze. Une frontière de grillage qui laissait le jardin de la voisine sur la gauche et de l'autre côté un chemin serpentant en pente dont je ne me rappelle plus où il nous a emmenés, partait-il vers une autre maison ou un bois en surplomb ? Chemin de mauvaises herbes, orties, fleurs de trèfles, pissenlits et foultitude parachutes blancs prêts à souffler dans toutes les directions, 807 au bas mot. Ce foisonnement, ce fouillis où s'égarer et la certitude de l'endroit devenu immobile. Pas sûre d'y avoir vu les arbres grandir ou leurs feuillages s'épaissir. Sur l'obscur des paupières, cette cour débouchera toujours sur la remise qui emmène au jardin.

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