Cette cour fermée dont le sol est recouvert de cailloux de Loire, petitesse et matières diverses, tous ronds de s'être réciproquement polis par frottements, cette cour se révèle sur l’obscur des paupières. Cailloux de toutes teintes, des douces déclinant les ocres de la terre ou bien grisées, opaques. Osselets minéraux qui, arrosés, se sculptent de transparences sourdes. Il suffit de tourner vivement la roue d’une pompe, animant laborieusement tout un mécanisme rouillé, pour que l’eau enfouie surgisse et les nuances minérales chatoient. Dans le coin gauche de la cour, juste un tas de sable, grains des bords du large fleuve, blancs, beiges, irréguliers.
Une
remise en pierres claires clôt la cour sur toute sa largeur,
maintenant ça me revient qu’au fond à droite trônait cet
escalier aux marches irrégulières, sa lourde porte à ouvrir à
deux mains. Enfin le jardin, longue pente bordée de buissons chargés
de fruits rouges. Deux petits chemins en partaient sur les côtés,
nos pieds évitant de peu orties, mauvaises herbes et les ronces
échappées des buissons touffus.
Des
poiriers régulièrement taillés pour étendre leurs branches à
l'horizontale, un portique orange orné d’une balançoire et d’un
trapèze. Une frontière de grillage qui laissait le jardin de la
voisine sur la gauche et de l'autre côté un chemin serpentant en
pente dont je ne me rappelle plus où il nous a emmenés, partait-il
vers une autre maison ou un bois en surplomb ? Chemin de mauvaises
herbes, orties, fleurs de trèfles, pissenlits et foultitude
parachutes blancs prêts à souffler dans toutes les directions, 807
au bas mot. Ce foisonnement, ce fouillis où s'égarer et la
certitude de l'endroit devenu immobile. Pas sûre d'y avoir vu les
arbres grandir ou leurs feuillages s'épaissir. Sur l'obscur des
paupières, cette cour débouchera toujours sur la remise qui emmène
au jardin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire