Déclinaisons d'un aphorisme d'Éric Chevillard. "804… 805… 806… j’avais très rigoureusement repris le compte des herbes de mon jardin en pliant celles-ci au fur et à mesure, cette fois, afin de ne pas me tromper, mais à la 807ème ortie, ma main enflée, engourdie de douleur, n’est seulement plus capable de bouger les doigts, j’abandonne."
samedi 22 septembre 2012
zinzolin
vladje le regarda remuer tant qu'il pouvait les liqueurs violacées du grand chaudron. elle l'avait entendu dire que la consistance de ces liqueurs secrètes devait rester d'une souplesse de danseuse. s'il advenait qu'elles épaississent un peu - et cela advenait souvent près des bords car la force du remuement était plus puissante et plus efficace au centre du chaudron - on le voyait agiter une inquiétude tenace et s'épuiser à remuer encore. ce jour-là il fallut qu'il appelât là l'aide des spécialistes de liqueurs molles dont le savoir en ces substances réussissait quelquefois à liquéfier celles qui ont épaissi au-delà du tolérable.
la veille on avait fait sonner tambour, djembé, timbale, tambourin, qilaut, daf, bongo, conga, caisse claire. des mains, des baguettes frappaient frappaient, presque sauvage, les peaux animales. autour des batteurs on voyait libellules vertes, libellules jaune d'or, demoiselles bleues, paons du jour, abeilles charpentières. d'aucuns disaient aimer le contraste qu'apportait leur légèreté dans tant de démonstration de vigueur.
le remueur poursuivait son incessant remuement. les liqueurs commencèrent à quitter leur sournoise épaisseur. il crut pouvoir s'arrêter. vladje pourtant se demanda si ce n'était pas chaudron des danaïdes et s'il n'y avait pas, à voleter dans l'air avec moustiques, papillons, mouches, libellules, éphémères, taons, abeilles, une rouge condamnation. peut-être remuer au-delà de 807.
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