vladje en
faisait livrer. il fallait cogner dur et une bonne fois pour toutes. elle en
faisait donc livrer beaucoup. elle donnait des ordres légers mais précis. ils
avaient installé des rails depuis l'entrée jusqu'au bâtiment. une grue déposait
les requins de terre sur des plateformes elles-mêmes déposées sur les rails.
elles glissaient jusqu'à la grande bâtisse de tuffeau. à hauteur de
façade, on arrêtait la plateforme. vladje guettait. lorsqu'une plateforme était
là, à l'aplomb d'une fenêtre, elle jetait jetait jetait dans la mâchoire
ouverte en contrebas. puis une autre plateforme à requin se présentait. et elle
jetait jetait encore.
ils avalaient tout : vieille armoire fond contre-plaqué, portes dégonflées
miroir fendu, buffet formica jaune aux pieds pourris à force d'eau de cave,
tailleur pied de poule du mariage de paulette, bibelot bois chien à tonneau de
rhum en sautoir, boîte à colifichets et pendeloques, armoires en plastique,
étagères bois aggloméré mélanine blanche, piano et l'âne, lit en fer à ressorts
tue-mouche, castelet guignol à crin d'acier, mappemonde à manivelle, tiroirs
orphelins, machines à gaufres, espaliers à torsions, jupes de juillet, repas
refroidis, mauvais plans pliés, verres à pieds assoupis, matelas dérisoires,
tablettes à cactus, peluches crevées, manteaux marbrés mités, livres obsolètes,
chapeaux à entonnoirs, cheminées à ridelles, seaux à charbon, clés à fils, pots
des chambres et cuisines, moulins à sardines, distributeurs de rien, encensoirs
à faïence, ventilateurs sans cervelle, raisins francs du collier
la veille, vladje avait admiré dans le port d'amsterdam la beauté industrielle
des containers de marchandises, leur proportion, couleur et disposition. elle
avait rêvé possible d'en faire venir quelques uns jusqu'à son domaine.
impossible lui avait-on dit. elle avait alors choisi les requins blancs.
lecteur il en fallut bien 807 pour venir à bout de tous ses trop
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